mercredi 15 juillet 2009

Pour être original, je m'en vais parler d'Orelsan...

Les élites intellectuelles de ce pays sont celles qui choisissent ce qui est bon ou pas. Ce qu’est la mode, ou la ringardise. Ce qui doit être adulé, ou au contraire lynché. Parfois, cette élite pratique le hasard. Elle prend, au pif, une chanson, un texte, et elle s’acharne dessus. Sur l’auteur. Oubliant par là même qu’il y a d’autres écrits tout aussi nauséabond, sinon plus… Mais l’élite intellectuelle ne sait visiblement pas faire deux choses à la fois. Alors elle reste sur sa condamnation, et elle tape.
Et comme les suiveurs sont derrière, prêt à embrayer sur l’émotion et l’indignation, ben ça marche…

A ce propos, un joli texte d’Authueil sur « La norme et les déviances ». Et cet extrait qui résume mon sentiment « A chaque époque ses hérésies, ses tribunaux de l'inquisition et ses buchers. Ca au moins, c'est quelque chose qui les bienpensants n'ont pas cherché à abolir. C'est tellement pratique. » Tellement pratique…

J’avais déjà écrit combien il était parfois difficile d’être original. Un sujet mainte fois rabâchés sur le web. Jusqu’à l’overdose. Mais je ne suis finalement qu’un suiveur. Un mouton. Et je parle aussi de l’affaire Orelsan…

Je suis comme mon copain Némo, je ne connaissais pas Orelsan avant qu’il ne soit la star du bucher médiatique. Je ne l’ai jamais entendu, je ne l’ai jamais écouté. Je ne sais même pas à quoi il ressemble. J’ai une circonstance atténuante : je ne connais pas le rap. Pas fan du tout. Et pas forcément envie de le devenir.
Sa chanson ? Je ne connais que le titre. Ce qu’il y a dedans ? J’en ai entendu des extraits de phrases. Cela ne m’a pas plus ému que ça car j’ai l’impression d’avoir déjà entendu ou vu pire, dans des chansons, des films, des livres. Mais bon, le couperet médiatique est tombé sur Orelsan. Tant pis pour lui, cela aurait pu être quelqu’un d’autre…
Mais non, c’est lui.

Pourtant, le Merle moqueur rappelle combien Orelsan n'est qu'un petit joueur comparé à d'autres. Des subversifs, il y en a pléthores. Des textes de rap qui valident la violence, il y en a pas mal.
Ne parlons pas de Florent Pagny qui refuse de payer ses impôts (sourire)… Par exemple, l’indispensable Guy Birenbaum signale que Johnny Halliday pourrait tomber sous le coup de la censure intellectuellement comme-il-faut. « Requiem pour un fou », n’est ce pas un appel au meurtre de la femme ? Je dis ça, j’aime beaucoup Johnny Halliday… Ce qui n’est pas sans conséquences aujourd’hui, mais bon…

J’adore Serge Lama, j’en ai souvent parlé ici. Peut être est ce mon chanteur préféré. Il a aussi des textes très beau, mais d’une grande violence. Dans son (magnifique) dernier album, une chanson qui s’appelle Socrate. Très belle. Et un texte assez subversif, choquant pour certains. Serge Lama se met dans la peau de Socrate. Et les désirs sexuels de Socrate sont plutôt spéciaux. La première fois que j’ai écouté la chanson, honnêtement, j’ai été franchement gêné, pour ne pas dire plus…
Mais voilà, le texte est beau. Et ce n’est pas Serge Lama, que j’adore, qui fait cette apologie détestable. Non, c’est Socrate. On pourrait dire que ce n’est pas Orelsan qui tabasse la femme, mais le personnage qu’il interprète… On pourrait dire beaucoup de chose…

Et puis ensuite en arrive la polémique politique. Ségolène Royal. Elle est accusée d’avoir fait pression sur les organisateurs des francopholies pour déprogramme Orelsan. Elle nie tout en bloc. Les esprits chagrins pourraient mettre en avant le mensonge en politique comme une arme utilisée sans discernement. Jack Lang, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal aussi…
Certains se moquent de l’UMP quand ils en appellent à la « liberté d’expression », ils ont raison. Surtout quand c’est le caricatural Lefebvre qui balance le communiqué rieur. Mais dans ses actes, peut-on légitimement penser que Ségolène Royal est plus « tolérante » que Nicolas Sarkozy par exemple ? Elle censure aujourd’hui Orelsan, hier c’était les dessins animés japonais qu’elle voulait interdire. Et visiblement, sa méthode de gouvernement en Poitou Charente n’est pas plus apaisée que celle de Nicolas Sarkozy au plus haut sommet de l’Etat.
Je termine ma diatribe sur Ségolène Royal (que je ne porte pas dans mon cœur, vous l’aurez compris) par cette remarque. Nous critiquons tous la gestion clanique du pouvoir par Nicolas Sarkozy. Je reprends le leitmotiv de Ségolène Royal lorsque, en bonne démocrate, elle contestait le verdict des urnes socialistes. « Mes amis et moi-même ». Mes amis et moi-même… Soyons clairs, j’abhorre le clan Sarkozy et cette politique des petits copains. Je détesterai tout autant le clan Royal. Remplacer un clan sectaire par un autre clan tout aussi sectaire, sinon plus, non merci.

Bref, que l’intervention de Ségolène Royal soit effective ou pas, qu’importe après tout… J’aurais encore dit tout le bien que je pense d’elle. Qu’elle ait fait ou non pression sur les organisateurs des Francofolies.

Pour finir sur la partie politique, Marc Vasseur a relevé la bêtise de Frédéric Mitterrand qui compare Orelsan à Rimbaud. D’ailleurs, son billet permet de lire le texte incriminé d’Orelsan, et un poème à coté (que je trouve sacrément d’un autre niveau…). Rébus se moque quant à lui de cette table ronde des rappeurs (modérés s’il vous plait) que veut faire Fadéla Amara. Bêtise, quand tu nous tiens, tu ne nous lâches pas…

Pour finir, ma position quand même… Je déteste la légitimation et les appels à la violence. Contre les femmes bien sur, mais aussi contre la police, contre les entreprises, contre les riches, contre les étrangers, etc… Donc le texte d’Orelsan me met des frissons de colère dans le corps. Comme certains textes qui appelaient au meurtre de flic m’insupportaient. Ajoutons à ça le fait que je ne suis pas tellement sensible à la musique « rap », je ne suis pas fan, mais alors pas du tout fan, d’Orelsan.
Doit-il pour autant être interdit ? Je n’aime pas, je n’écoute pas. Est-ce que cela doit être interdit pour les autres ? Et si lui doit être interdit, pourquoi ne pas interdire tous les textes subversifs, toutes les œuvres immorales ? Contre les femmes, mais d’une manière générale contre « autrui ». Cela en éliminerait beaucoup…

De plus, je suis toujours mal à l’aise quand il y a lynchage. Désaccord oui. Lynchage non. Que la personne lynchée s’appelle Julien Dray, Hervé Gaymard, ou que ce soit un rappeur qui est passé au mauvais endroit au mauvais moment, cela me gène.
Au final, on crée un martyr alors qu’on souhaitait faire un exemple. Et le résultat, pour moi, et que malgré des textes que je ne trouve pas franchement réussi, Orelsan me devient sympathique, et touchant. Etait ce le but initial ?

Ma conclusion sur cette pseudo histoire Orelsan ? Défendre la liberté aussi de dire des conneries. En face, il y a la liberté de s’opposer, d’exprimer son désaccord, sa réprobation. C’est aussi pour ça que je suis mal à l’aise quand j’entends parler d’interdire les listes de Dieudonné, ou d’interdire Le Pen comme cela est souvent évoqué. Laissons les libre de dire des conneries. Et nous soyons libres d’être fermes dans notre opposition.
La liberté empêche aussi de créer des martyres… Alors soyons plus intelligents que ceux dont on souhaite combattre les idées détestables !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire